Game Over ? Pas pour les cochons !

Game Over ? Pas pour les cochons !

Longtemps sous-estimés, les cochons révèlent des capacités cognitives étonnantes — jusqu’à réussir à jouer aux jeux vidéo.

L’idée que des cochons puissent jouer à des jeux vidéo semble presque relever de la fantaisie. Pourtant, des recherches scientifiques rigoureuses ont montré que ces animaux, trop souvent réduits à de simples « ressources alimentaires », possèdent des capacités cognitives impressionnantes, au point de manipuler un joystick et d’interagir avec un écran pour atteindre un objectif.

Une expérience surprenante

Dans une étude menée par Candace Croney et Stanley Curtis (Université d’État de Pennsylvanie), quatre cochons ont été entraînés à utiliser un joystick pour déplacer un curseur sur un écran. L’objectif était simple : atteindre une cible afin de recevoir une récompense alimentaire. Ce qui surprend, ce n’est pas seulement que les cochons aient réussi à accomplir la tâche, mais qu’ils aient démontré une compréhension claire du lien entre leur action (manipuler le joystick) et la conséquence (déplacer le curseur).

Malgré une vision médiocre et un dispositif peu adapté à leur morphologie, les cochons ont réussi à dépasser le hasard et à atteindre les cibles plus souvent qu’attendu. L’un des individus, Hamlet, est même devenu capable de jouer à des niveaux plus complexes que ses congénères.

Comparaison avec d’autres espèces

Ces résultats placent les cochons dans une catégorie d’animaux capables d’une abstraction entre action et conséquence, compétence que l’on observe aussi chez les singes, les chiens et certains oiseaux comme les corbeaux. Là où les primates ou les chimpanzés excellent dans des tâches de manipulation fine ou de résolution de casse-têtes, les cochons démontrent une flexibilité cognitive surprenante, malgré des limitations physiques évidentes (absence de mains, vision limitée).

En réalité, les cochons n’ont rien à envier aux animaux que nous considérons plus facilement comme « intelligents ». Leur capacité à comprendre qu’une action virtuelle (déplacer un curseur) produit une conséquence concrète (récompense) témoigne d’un niveau avancé de cognition. Ils partagent avec les dauphins et les éléphants une aptitude rare : celle de transférer des connaissances dans des contextes nouveaux.

Ce que cela signifie pour notre regard sur eux

Ces expériences obligent à reconsidérer la manière dont nous percevons les cochons. Trop souvent réduits à des corps voués à l’exploitation, ils révèlent, lorsqu’on leur en donne la possibilité, une curiosité, une intelligence et une capacité d’apprentissage qui les rapprochent des animaux que nous intégrons volontiers à nos familles, comme les chiens.

Dire que les cochons « jouent à des jeux vidéo » n’est pas seulement une anecdote amusante. C’est un rappel puissant que ces individus ressentent, apprennent, comprennent et interagissent avec leur environnement de manière complexe. En comparaison avec d’autres espèces, ils démontrent que l’intelligence animale ne peut pas être mesurée par une hiérarchie rigide, mais doit être comprise comme une diversité d’adaptations et de compétences.

Si un cochon peut jouer à un jeu vidéo, comment pouvons-nous continuer à justifier de l’enfermer dans une cage ou de l’envoyer à l’abattoir ? Les recherches scientifiques ne font que confirmer ce que les sanctuaires et ceux qui côtoient les cochons savent déjà : ce sont des êtres sensibles, curieux et intelligents. Les reconnaître ainsi, c’est un premier pas vers un monde où nous ne les traiterons plus comme des ressources, mais comme des individus à part entière.

References

  • Croney CC and Boysen ST (2021) Acquisition of a Joystick-Operated Video Task by Pigs (Sus scrofa). Front. Psychol. 12:631755. doi: 10.3389/fpsyg.2021.631755

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    Monoké est très solidaire de son petit clan, notamment de sa soeur Eowyn, handicapée comme elle, et de Cilli, notre mamie cochon désormais aveugle. En revanche, elle n'approche pas les humains qu'elle ne connaît pas et nous le respectons à 100% puisqu'au sanctuaire, les animaux retrouvent leur libre-arbitre.